Réalisé par Valérie Amram d’Onofrio et Tarek  Ben Ameur

Au Moyen Age, dans la péninsule ibérique, une journée musicale durait 24 heures et était divisée en 24 noubas, chacune divisée en 7 parties.

 

Nos chansons de Maalouf d’aujourd’hui durent entre 15 et 20 minutes seulement mais restent néanmoins organisées comme la nouba de 60 minutes.

 

Les 7 mouvements sont les suivants :

 

1°) Le Prélude : un morceau instrumental, arythmique, annonçant la nouba qui va être jouée et permettant de vérifier l’accord des instruments.


2°) La Touchiat : ouverture instrumentale, rythmée, construite avec des motifs qui se déroulent et s’enchevêtrent dans un mouvement uniforme (andante) jusqu’à la finale où le mouvement est plus rapide (allegro) pour finir sur un point d’orgue. Elle permet à l’assistance de se tremper dans le bain de la nouba.


3°) Le Meceddar : mélodie ample, lente, noble, envoûtante, exécutée en chœur sur un mouvement uniforme (andante) permet à l’esprit de s’élever vers l’abstraction et au cœur des émotions peu communes où l’instrumentation s’efface devant le chant pour reprendre après chaque vers.


4°) Le Betaihi : mélodie moins lente que le Meceddar (allegro), avec alternance du chant et de l’instrumentation, laisse ressortir une accélération progressive d’un couplet à l’autre, pour devenir brutalement aussi lent que le Meceddar à la fin de la mélodie.


5°) Le Derdj : une sorte de complainte, avec alternance du chant et de l’instrumentation, sur un rythme lent (largo).


6°) L’Inciraf : mélodie avec alternance des chants et de l’instrumentation, sur un mouvement alerte (scherzando) où les poèmes deviennent plus gais, chantent l’amour, la nature, les oiseaux, les réunions entre amis, etc. …


7°) Le Mokhlas : la nouba touche à sa fin. La série nous a amenés à un mouvement rapide se hâtant vers la conclusion, et c’est le Mokhlas qui apporte cette conclusion. C’est un air au rythme vif (allegro vif) qui va en s’accentuant pour finir sur un point d’orgue.

 

Nos ancêtres étaient de grands épicuriens puisqu’à l’époque, les juifs et les musulmans considéraient que jouir des plaisir de la vie sans exclure une certaine éthique et morale religieuse, c’était rendre grâce à D-ieu.

 

Rappelons-nous le faste de l’Andalousie avec ses fontaines d’eau parfumée, son art culinaire, son esthétique vestimentaire. L’ascétisme et la privation des sens est une conception chrétienne qui nous a toujours été étrangère. Rien d’étonnant donc qu’érotisme et musique soient intimement liés. Ainsi, la nouba parodie la relation de couple ; du rapprochement, à la parade jusqu’à la réalisation de l’acte amoureux. Sous cet angle, c’est une relecture de la description des mouvements du Maalouf que je vous propose.

Zone de Texte: Cheik Sylvain Ghrenassia au violon et Cheikh Raymond au luth

Ch. Sylvain et Enrico Macias en hommage à Ch. Raymond

Salim HALALI (1920-2005) :

Salim Halali, de son vrai nom Simon Halali, est né à Bône, le 30 Juillet 1920, d'une modeste famille de boulangers Juifs. Il part pour Marseille en 1937 puis monte à Paris et entame une carrière de chanteur espagnol ; sa voix gitane se prête tout à fait au flamenco.

En 1938, il fait une tournée européenne avec la troupe de Mahieddine, puis se produit dans un spectacle grandiose à Marseille.

Malgré son amour pour le chant flamenco, il reste attaché à la musique de ses racines, et dépasse le record de ventes de disques en Afrique du Nord.

En 1940, il est sauvé des camps de concentration, par le recteur de la Mosquée de Paris qui lui délivre une attestation de conversion à l'Islam, et le fait engager au café de la Mosquée de Paris.

En 1947 et en 1948, il crée deux cabarets, "Ismaïlia Folies" avenue Montaigne à Paris, et "Le Sérail" rue du Colisée. Il connaîtra aussi un long succès à Casablanca, avec son cabaret ‘le Coq d’or’.

En 1965, il se retire à Cannes, mais la passion de la chanson ne l'ayant jamais quitté, le voilà en 1970 reparti pour une deuxième carrière, cette fois-ci en Français.

Il parcourt l'Europe avec sa musique arabe, la parution d'un disque chez Polydor en 1970, fut suivie par un grand gala à la Salle Pleyel, réservée d'ordinaire aux divas.

Salim Halali, s'est éteint en 2005 à l'âge de 86 ans dans une quasi-misère.

 

 

Alice FITOUSSI (1916-1978) :

Alice est née le 9 mai 1916 à Bordj Bou Arreridj. Son père, Rahmim Fitoussi est un chanteur et violoniste réputé. C’est auprès de lui qu’elle apprend le chant et grave son premier disque à l’age de treize ans.

Elle joue aussi bien chez les juifs que chez les musulmans mais chez ces derniers, elle est la seule artiste juive à interpréter les ‘medh’, répertoire religieux à la gloire du prophète. Après l’indépendance elle décide de rester vivre en Algérie, n’allant en France que pour passer l’hiver. Elle s’est éteinte à Paris en 1978. (Biographie réalisée avec le concours de la fille d’Alice Fitoussi).

 

 

 

 

 

 

 

Alexandre Yehouda NAKACHE (1916-1999) :

Le chanteur Constantinois, Alexandre Juda Nakache  est né en 1916 a Constantine. Il a été l’élève des plus grands Maîtres comme Omar Chekleb, avant de devenir lui- même  l’un des  Maîtres de toute une génération héritière de son savoir et de son talent.

A travers le maalouf,  Alexandre Judas Nakache a continué au fil du temps à délivrer les parfums de l’Algérie et de ses traditions, enracinés en lui.

Les cinq garçons qu’il a eu, ont, par la suite, repris le flambeau en créant «le groupe Nakache» dont leur chanson fétiche « Elle imagine » s’adresse à leur jeune  sœur Martine qui elle , n’est pas née en Algérie.

Cet homme fort, jovial, et philosophe a laissé l’empreinte d’une profonde générosité et celle d’une amitié qu’il a su offrir tout au long de sa vie, avec toujours la conviction d’effacer les frontières.

Sylvain Ghrenassia (1914-2004) :

C’est le 2 février 1914 que Sylvain Ghrenassia dit Cheikh Sylvain naît à Constantine.

C’est comme éternel élève et membre de l’orchestre de Raymond qu’il perfectionne son chant et ses qualités de violoniste. Comme la plupart des juifs de Constantine, il quitte l’Algérie en 1961, après la mort de son maître dont la fille, Suzy, épousera son fils Gaston (Enrico Macias). Il reprend son orchestre à Paris et joue souvent au ‘Grillon’, restaurant de Berthe Zemmour, dans lequel on pouvait déguster le meilleur berbouch de Paris. Il y est apprécié pour sa maîtrise des règles du maalouf et sa parfaite connaissance du répertoire ancestral.

Décédé en 2004, il laisse une communauté constantinoise orpheline qui ne se console pas de la perte de celui qui a fait danser des générations lors des brith-mila, bar mitzvah et mariages.

Raymond au luth, Sylvain au violon

et Enrico Macias à la guitare, M. Guedj a la darbouka, au taar Youssef Allouch

 

Simone Tamar (1932-1982) :

Simone Tamar née Allouche naît le 15 janvier 1932 à Souk Ahras. Élève des plus grands musiciens de maalouf, elle chante d’abord dans l’orchestre de Sylvain, puis se lance seule. On la surnommera vite «la voix d’or de Constantine». Mais ce qui fait d’elle une véritable artiste ce sont ses connaissances parfaites des règles du maalouf qu’elle applique scrupuleusement. Elle quitte l’Algérie bien après l’indépendance. Elle enregistre par la suite plusieurs albums et se produit avec succès autant en France qu’en Algérie. Elle décède à Paris le 15 janvier 1982 alors qu’elle allait fêter son cinquantième anniversaire.

André Taïeb (1931) :

André Taïeb né à Constantine en 1931, est initié à l'art du maalouf constantinois par Cheikh Raymond. Il met son talent au service de la Hazanout, ministre-officiant et dirige la prière par des chants. En 1962, il quitte l'Algérie et s'installe à Belfort. Parallèlement à son activité professionnelle, il devient chantre de la synagogue et chante le répertoire ashkenaze. En 1988, il se retire à Montpellier, où il devient l'un des chantres de la synagogue. Héritier de cette tradition musicale venue de l'Espagne médiévale, André Taïeb est l'un des derniers détenteurs de ce patrimoine musical de la mémoire juive.

 

LE MAALOUF CONSTANTINOIS :

Raymond Leyris (1912-1961) :

Raymond Leyris, né le 27 juillet 1912, est musicien et chanteur de maalouf. Grâce à ses origines, il était l’emblème de cette Algérie où se côtoyaient islam, judaïsme et christianisme. Il était le fils d'une Française et d'un juif de Batna, tué lors d'une offensive sur le front de la Somme pendant la 1ère Guerre mondiale. Raymond est alors adopté par une famille juive de Constantine et grandit dans cette ville.

Très vite, Raymond Leyris devient un maître du ‘oud et un chanteur aux multiples nuances. Ses capacités vocales exceptionnelles et sa virtuosité instrumentale lui attirent de son vivant la reconnaissance de ses pairs qui lui décernent le titre de Cheikh. Il enregistre une trentaine d'albums entre 1956 et 1961 en plus des singles. Il est assassiné le 22 juin 1961, alors qu'il faisait ses courses sur la place Négrier. Sa mort, perçue par la communauté juive comme une rupture définitive, marque le début de l'émigration massive vers la France.

La nouba arabo-andalouse

Hommage à nos musiciens

Enregistrements

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