FAIS-MOI MAL

Depuis quelques temps nous voyons apparaître sur les chaînes de langue arabe, des déclarations de juifs se prononçant contre l’action de Tsahal ou pire encore, se présentant comme antisionistes.

 

Dans les conversations avec votre entourage vous avez bien du entendre les arguments de ceux dont le « meilleur ami est juif » vous expliquer qu’il existe des juifs qui ne sont pas sionistes et que donc logiquement l’antisionisme n’a rien à voir avec l’antijudaïsme.

 

Mais qui sont donc ces individus qui  se réclament du judaïsme pour justifier leur prise de position dont il est fait allusion ?

 

N’ayant reçu aucune éducation religieuse, vous ne les rencontrerez jamais dans une synagogue comme les Tournelles mais juste à côté chez Bofinger attablés devant une bonne choucroute de chez nous. Si vous voulez les joindre, inutile de vérifier votre calendrier du Consistoire pour vous assurer que nous ne sommes pas à Yom Tov, ils prennent le téléphone 365 jours par an. Non pardon, 364, parce que pour Noël ils sont chez les beaux parents dans le Vaucluse.

Mais qu’importe, ils invoqueront le judaïsme, la Torah et le Talmud pour donner poids à leurs affirmations.

 

Certes, ils ne sont pas nombreux et c’est une chance. Mais citons les plus connus : Le député britannique Gerald Kaufman, la française Gisèle Halimi d’origine tunisienne, Marcel-François Kahn (professeur de médecine), Richard Wagman, président de l'association  Union Juive Française pour la Paix, Jean-Moïse Brajtberg, journaliste. Voici pour les plus bruyants.

 

Des inconnus dont le nom ne vous dit rien ou plutôt de vous disait rien jusqu’au lancement de l’IJAN (International Jewish Anti Zionist Network), un regroupement international de bons juifs désirant se faire accepter dans cet occident qui les a tant marginalisés.

Mais qu’est ce qui motive ces gens là ?

 

Le moyen de faire apparaître leur nom quelque part ?

Pas seulement. Parce que sinon comment expliquerions-nous les déclarations de certains juifs iraniens ou plus récemment marocains ?

 

La peur me dites-vous. Je veux bien. Je peux comprendre qu’on soit prêts à tout pour ne pas avoir à quitter le pays qui vous a vu naître. Pas envie non plus de vous éloigner ni physiquement ni psychologiquement et encore moins politiquement de vos amis, de renoncer à votre culture ancestrale, etc., etc.

 

Vous me parlerez aussi de cette formation congénitale du juif qui veut toujours tout contredire pour pousser plus loin le raisonnement, du pil-poul. D’accord, d’accord .

 

Et puis vous m’évoquerez ce juif toujours épris de justice qui est disposé a tout sacrifier même les siens au nom de ce qu’il croit être la vérité.

Tout ça c’est sûrement vrai. Tout ça je veux bien mais ça ne me suffit pas pour expliquer ce phénomène certes marginal mais bien réel.

 

J’avais beau chercher, je sentais bien qu’il s’agissait de quelque chose de plus profond, quelque chose qui touche à la structure même de cet esprit dérangé du juif antisioniste (cette expression me fait marrer, elle trouve son paradigme dans une autre expression tout autant antinomique du chrétien anti-Christ).

 

Et puis un jour, Euréka !,  je suis tombée sur le communiqué de presse de Liliane Messika et tout s’est remis en place dans la tête de petite feuj curieuse de la nature humaine qui trouve enfin une explication sensée. Bénie sois-tu Liliane Messika, tu m’as offert une des plus belles jouissances intellectuelles de mon existence. Un peu la même qu’éprouvent les maniaques de mon espèce lorsqu’ils ont enfin réussi à assembler toutes les pièces du puzzle.

Qu’explique cette dame ? Parce que c’en est une, croyez-moi. Et bien elle explique ce phénomène en nous rapportant à ce que disait Freud du sado-masochisme.

 

Je vais la citer pour ne pas la paraphraser :

 

« En théorie, le masochisme a pour origine la culpabilisation d’un enfant pour qui la mère s’est ostensiblement et pathologiquement sacrifiée, générant une culpabilité doublée d’angoisse. L’insécurité structurelle est ce qui entraîne chez l’enfant devenu adulte l’attitude impulsivement défensive d’un Moi qui revendique dans la peur, dans la frustration et le dérèglement d’un appareil psychique immature.

Comment mieux jouir, pour celui qui est la proie de cette psychopathologie, qu’en suppliant qu’on le détruise, lui et tous ses semblables, sa famille (surtout cette mère castratrice) et tout son peuple ?

Les juifs et juives dont il est question appellent les Arabes antisionistes à les rejoindre pour discuter du « rôle central du sionisme dans les rapports de domination à l'échelle mondiale, sur sa nature coloniale et raciste incarnée dans la politique du nettoyage ethnique prolongé du peuple palestinien. »

Non, ce n’est pas une blague, ils sont sérieux. Bien sûr, ceux qui ont lu Freud n’ont aucun mal à décoder, dans le « rôle central du sionisme dans les rapports de domination à l'échelle mondiale », le rôle central des récriminations de ma mère dans la (dé)formation de ma personnalité psychique délétère, mais le malade, lui, en est absolument inconscient.

Ce faisant, ils deviennent les alliés objectifs d’autres ex-enfants à qui l’on avait interdit tout contact avec les femmes, donc toute tendresse, pour leur faire souhaiter une mort en shahid plutôt qu’une vie de douceur.

Eux, ils font dans le sadisme : enfants, ils rejouaient à l’école les scènes de carnage des attentats commis en Israël, adultes, ils lancent des pétards et distribuent des bonbons dans la rue quand un quelques automobilistes israéliens sont aplatis par un bulldozer. »

 

Si nous avons donc selon Madame Messika à faire avec des névrosés, il y aurait une solution car pour le père de la psychanalyse, les maux de l’esprit peuvent être guéris.

Cependant que nous dit Freud dans son œuvre « Das ich und Das Es » (le moi et le ça) ? Il explique que le sentiment de la culpabilité de ces malades ancrés dans des "fonctions psychiques inconscientes" se manifeste à travers des scrupules de conscience. L’analyste rencontre alors "les plus grands obstacles" et s’il se hasarde à donner quelque espoir à ce type de patient et montre sa satisfaction sur le déroulement du traitement, l'état subjectif du patient s'aggrave.

 

Selon Freud il ne s’agit pas pour le patient d’affirmer sa supériorité sur son analyste en le mettant en échec mais d'une véritable pathologie de la reconnaissance. Ces personnes sont " incapables de louange et de reconnaissance ".

Appliqués à nos névrosés, les choses deviennent compréhensibles. Plus les Juifs en Israël réalisent de prodiges en matière technologique, économique et autres, plus l’ensemble des nations explique que cela est dû au génie juif (un peu dangereux comme compliment d’ailleurs car il nous renvoie directement aux théories eugéniques, mais passons, ce n’est pas le sujet) plus on voit l’état du névrosé souffrant de cette pathologie de la reconnaissance  empirer. En d’autres termes, plus son discours se fait haineux envers lui-même et envers les siens puisque je vous rappelle la spécificité juive à l’empathie qui provoque l’assimilation du sujet autant avec ses ancêtres qu’avec le reste des juifs du monde entier. Chez le juif, ni espace, ni temps. Tout juif est l’esclave qui s’enfuit d’Egypte, le polonais qui fuit les pogroms, le rescapé qui sort de Birkenau.

 

Comprenez bien, dans cette logique freudienne, si vous dites à une juive névrosée, genre Gisèle Halimi que les juifs accordent les mêmes droits aux Israéliens musulmans qu’aux juifs Israéliens, en dépit de ce qui se passe à Gaza ou même, malgré ce que les siens ont subi lorsqu’ils vivaient en terres musulmanes, ou que ces mêmes Israéliens acheminent depuis 3 ans des aides alimentaires en dépit des 8.500 roquettes reçues sur Sdéroth et les environs, démontrant ainsi l’humanité dont ils sont capables, et là, vous provoquez une aggravation significative du sujet perturbé qui se traduit immédiatement par des propos haineux et mensongers envers les siens.

 

Sans cette optique, vous avez envie de dire à cette femme : Mais tu vois pas que…, tu comprends pas que… Alors que c’est justement parce qu’elle voit et comprend qu’elle agit de la sorte. Cela fait partie de la pathologie. Freud appelle ce phénomène "la réaction thérapeutique négative".

 

Ignorez là, faites comme si elle n’existait pas, et là elle reviendra vers sa môman pour quémander cet amour qui lui a fait tant de mal.

 

Vous me réfuterez que si cette analyse était juste alors pourquoi tous les juifs de la terre ne réagissent pas de la même façon envers leur mère génitrice et protectrice appelée Israël (cela s’appelle un transfert), pourquoi donc, ne deviennent-ils pas tous masochistes ? Pourquoi l’amour des Israéliens, qui comme de vraies mères, qui risquent leur vie pour sauver la notre, ne nous rend pas tous marteaux ? Parce que tout dépend de la structure. Je m’explique. Vous prenez un verre en cristal d’Arques et un autre en cristal de Bohême. Vous les faites tomber tous les deux de la même hauteur avec la même violence sur le même sol. Et bien, ils ne se cassent pas de la même façon. Et cela parce que la structure de ces deux cristaux est différente. Donc dans le cas qui nous occupe vous avez deux juifs, un complètement fêlé (je n’ai pas résisté au jeu de mots) qui finira maso l’autre simplement mélancolique. Non pardon, et c’est rassurant, un qui finira maso et des milliers d’autres juste un peu trop sensibles à la misère du monde.

 

Vous me direz que c’est un peu compliqué ce raisonnement mais c’est uniquement parce que  l’on touche à la psychanalyse. Nous avons beau être de gauche, allez à la facilité en cherchant une explication sociologique ne suffit pas. Nous ne pouvons pas, comme dit le sociologue Jean Pierre Cot, faire comme l’alcoolique qui a perdu sa clef et qui la cherche sous un réverbère parce que c’est le seul endroit qui est éclairé. Il faut donc aller chercher ailleurs, dans des disciplines auxquelles nous sommes peu habitués.

 

Bon alors maintenant, un petit mea culpa s’il vous plait, renoncez à cracher sur ces traîtres qui n’en sont pas finalement et prions pour leur prompt bien qu’improbable rétablissement.

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Réalisé par Valérie Amram d’Onofrio et Tarek  Ben Ameur

 

 

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Réponse à la lettre ouverte de Jean-Moïse Brajtberg

Auteur : Menahem Macina

 

Monsieur,      

Je me garderai de juger de la motivation que vous invoquez pour émettre l'exigence - peu commune pour un descendant de victimes de la Shoah -, que soit retiré du Mémorial de Yad Vashem, ainsi que vous l'écrivez, «le nom de mon grand-père, Moshe Brajtberg, gazé à Treblinka en 1943, ainsi que ceux des autres membres de ma famille morts en déportation dans différents camps nazis durant la seconde guerre mondiale».

Le droit, mais également la décence, sans parler du respect dû aux défunts, interdisent à quiconque, y compris à vous, de prendre à titre posthume, des dispositions dont aucun élément crédible ne prouve qu'ils les aient implicitement souhaitées.

Vous faites état de ce que votre « sentiment d'humanité ne varie pas selon la citoyenneté des victimes » - ce qui est également mon état d'esprit ainsi que celui de la majorité de mes concitoyens. Mais, après avoir affirmé qu'il vous « est insupportable » que notre pays « prétende, non seulement représenter les juifs dans leur ensemble, mais aussi la mémoire de ceux qui furent victimes du nazisme », vous affirmez « En conservant au Mémorial de Yad Vashem, au coeur de l'Etat juif, le nom de mes proches, votre Etat retient prisonnière ma mémoire familiale derrière les barbelés du sionisme pour en faire l'otage d'une soi-disant autorité morale qui commet chaque jour l'abomination qu'est le déni de justice ».

A ce propos, je tiens à vous dire ce qui suit, certain de représenter le sentiment de la majorité des Israéliens et, très probablement, celui des Juifs du monde entier.

Je m'étonne que vous ne fassiez preuve d'un sens de la justice sociale et politique aussi aigu, que pour les Palestiniens et non pour les Juifs israéliens qui ne sont pas moins victimes d'injustice et de déni d'existence de la part de ce peuple, auprès duquel, depuis plus d'un demi-siècle, ils aspirent à vivre dans la paix et la concorde.

Vous évoquez, à juste titre, « la cruauté faite aux Juifs », mais c'est pour la mettre immédiatement en parallèle avec « celle faite aux Palestiniens », selon une formule d'équivalence morale, très en vogue de nos jours, mais, en fait, éminemment perverse. En effet, nous ne traitons pas les Palestiniens avec cruauté, même si la guerre qu'ils nous imposent a des conséquences cruelles, comme c'est le cas dans tous les conflits.

C'est pourquoi je me permets de vous dire, sans langue de bois et à l'israélienne, qu'il m'apparaît clairement que vos motivations sont tout sauf familiales et honorables, et qu'elles procèdent, en fait, d'un mal-être existentiel et identitaire que vous tentez de compenser et de justifier en vous lançant, à corps perdu, dans une phraséologie à caractère idéologique et partisan. Cette logique revendicative et accusatrice vous amène à calomnier votre peuple et l'Etat qui le représente et qui constitue pour lui et constituera encore davantage dans l'avenir le seul refuge sûr contre les insultes, les calomnies et les menaces contre son existence même.

Cher Monsieur, ayez la décence de ne pas instrumentaliser, par un anachronisme culturel et psychologique, de nature quasi pathologique, le nom et la mémoire de vos ascendants pour les mettre au service d'une cause idéologique, dont rien ne prouve qu'ils y adhéreraient.   Enfin, vous semblez ignorer l'origine du nom de l'institution où les noms de vos ascendants, victimes de la Shoah, sont inscrits. L'expression "Yad Vashem" est tirée d'un verset du prophète Isaïe (Is. 56, 4-5) :

"Car ainsi parle L'Eternel aux eunuques qui observent mes sabbats et choisissent de faire ce qui m'est agréable, fermement attachés à mon alliance: Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom qui vaudra mieux que des fils et des filles; je leur donnerai un nom éternel qui jamais ne sera effacé."   Les eunuques, ce sont nos morts, qui ne peuvent plus ni engendrer ni enfanter. Notre D-ieu, par la bouche de son prophète leur garantit lui-même que leur nom ne sera jamais effacé.

Et vous, vous prétendez le faire !...   Il semble que vous ne croyiez pas (ou plus) au D-ieu de nos Pères. Votre ignorance est donc excusable. Par contre, déférer à votre exigence, à supposer que ce fût possible, équivaudrait à se révolter contre l'Esprit Saint, inspirateur des prophètes, et à enfreindre consciemment un commandement de la Torah : "Honore ton père et ta mère, afin que durent tes jours sur la terre que te donne L'Eternel ton D-ieu." (Ex. 20, 12).

 

Note de l’auteur: Vous n'êtes pas sans savoir que l'inscription dans les registres de Yad Vashem n'est pas une décision de cet organisme; il faut, pour qu'elle soit homologuée, qu'un descendant direct authentifie l'assassinat de la victime par les nazis. Or, Après une brève vérification dans la base de données informatique que Yad Vashem met à la dispositions de tous les internautes, il apparaît que ce n'est pas vous qui avez rempli la fiche de témoignage, mais une petite-fille du défunt. Il semble également que vous n'ayez jamais consulté le dossier, puisqu'il fait état du décès de votre grand-père en 1942 et non en 1943, comme vous le mentionnez. Ces résultats confirment que vous vous êtes livré à une instrumentalisation démagogique de l'assassinat de votre grand-père par les nazis, pour servir votre idéologie anti-israélienne et soigner votre image personnelle de défenseur du droit du plus faible (le Palestinien, selon vous) contre le plus fort (l'Israélien, toujours selon vous). Ce pathos déplacé pourra facilement abuser des journalistes peu perspicaces, il est sans effet sur la grande majorité des juifs de cette planète.

 

Note de la rédaction : En ce qui concerne les informations erronées données par le petit fils de Moshe Brajtberg (zal), vous pouvez consulter le moteur de recherche de Yad Vashem sur http://www.yadvashem.org/wps/portal/IY_HON_Welcome (voir également document ci-dessous).