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Pour nous retrouver aujourd’hui en famille il ne suffit plus de traverser la cour. Les distances nous séparant sont toujours plus importantes, transformant nos seders en occasions uniques de se réunir au grand complet.La conséquence directe est la disparition des tables traditionnelles rondes au profit de grandes tables ovales ou rectangulaires. Rien de grave me direz-vous. Et bien si car tout dépend de votre attachement à la tradition.Car avec les tables rondes ce sont les plats ronds qui ont aussi disparu, et, pour le couscous, c’est important non seulement pour l’esthétique mais aussi et surtout pour le message qui est transmis à travers ce plat.Dans un plat rond de couscous, la viande se dispose en haut et au centre du plat car si la société d’antan était très hiérarchisée selon une pyramide générationnelle, lorsqu’il s’agissait de s’alimenter, les règles étaient bien différentes.L’espace séparant les convives des morceaux de viande devait être exactement identique assurant ainsi un accès égalitaire au met le plus nutritif.Passons maintenant à l’esthétique. La graine du couscous doit être disposée en cône de façon à former une montagne, celle du sud du constantinois ou de l’atlas. De même on ne dit pas « mouiller » le couscous mais « l’arroser » comme on le faisait jadis sur les terres de nos ancêtres en commençant bien sur par le haut.Quant au couscous au beurre du dimanche midi, le sucre se saupoudre au sommet de la montagne pour suggérer les neiges éternelles des sommets.Avec le couscous familial, vous léguez à vos enfants quelques rudiments de notre tradition parce qu’à travers nos repas, c’est toute une culture fondée sur l’hospitalité, la générosité et l’esthétique qui nous est symboliquement transmise. |
LE COUSCOUS : Symbolisme, esthétique et tradition |
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Réalisé par Valérie Amram d’Onofrio et Tarek Ben Ameur |